Autorité : pouvoir de décider, de commander.. Et en management ?

« Autorité » un mot déserté à tort des livres de management, souvent vu comme un défaut à cause de sa confusion avec l’autoritarisme.

Pouvoir de décider, de commander.. Qu'en est-il en management ?

Business leader

 « Autorité » un mot déserté à tort des livres de management, l’autorité souvent vue comme nuisible car confondue avec l’autoritarisme. Je dis bien « à tort » car même si ces mots partagent la même racine, ils ne partagent pas la même signification.

 

Comment appréhender l’autorité ? Comment asseoir son autorité sans tomber dans l’autoritarisme? 

Qu’est-ce que l’autorité ?

Dans l’imaginaire collectif, l’autorité renvoie aux relations parents-enfants ou au stéréotype du supérieur hiérarchique faisant abus de son pouvoir. Deux images peu flatteuses. Cela montre à quel point la notion d’autorité est confuse.

 

Il est important de ne pas confondre autorité et autoritarisme. Avoir de l’autorité ne veut pas forcément dire mener ses troupes tel un dictateur, contrôlant et contraignant ses collaborateurs, ne leur laissant aucun espace de liberté. La confusion avec l’autoritarisme, donne l’impression que l’autorité n’est pas une notion très « génération Y « , que l’avenir est aux entreprises sans managers, tout cela a fait disparaître l’autorité des radars.

 

Avoir de l’autorité signifie avoir le pouvoir de décider et/ou de commander. 

 

Étymologiquement, le mot « autorité » a la même racine latine que le mot « auteur » : auctor , dérivé de augere (faire croître). Avoir de l’autorité en tant que manager induit ainsi que vous êtes à l’origine de quelque chose. Il est question de votre légitimité aux yeux de vos collaborateurs. C’est avant tout être reconnu, entendu, écouté et suivi !

Leader reunion

L’art d’accroître les puissances

L’exercice de l’autorité repose donc sur le fait de participer à la croissance de quelque chose, en ayant du pouvoir dessus. Or Nietzsche définit le pouvoir comme « l’art de maîtriser les puissances », et par puissance, on entend les capacités, les possibilités d’une personne ou d’un groupe, son « pouvoir faire » qui résulte de ce qu’il est, sait et sait faire. Donc si l’autoritarisme est l’art de contraindre ou d’amoindrir ces puissances, l’autorité est nécessairement l’art de les accroître. C’est pourquoi celui qui dirige réellement, le leader, nous pousse à nous dépasser.

 

Accroître les puissances est une démarche foncièrement démocratique, c’est obéir a minima à ce triumvirat de principes :

  1. Accroître la confiance, c’est-à-dire déléguer, responsabiliser, encourager la critique en sachant mettre son ego de côté… construire des bases solides. C’est être sincère, car sans sincérité, pas d’honnêteté, de cohérence ni de bon sens, puisque les employés finissent toujours par sentir la ruse ou la tromperie. Plus un manager fait confiance à son équipe, plus celle-ci est confiante en elle et en lui, et plus elle lui reconnaît une autorité naturelle ou légitime. L’équipe ainsi soudée et responsable se contrôlera d’elle-même car tout dysfonctionnement d’un de ses membres se répercutera nécessairement sur l’équipe toute entière.

 

  1. Accroître la communication, elle permet de multiplier les points de vue et de démultiplier les possibilités, de mieux s’adapter, de fluidifier les directives et les retours. Pour ce faire, l’autorité doit s’appuyer sur le dialogue et la transparence. C’est pourquoi il faut, d’une part, accroître l’écoute et la parole de chacun, notamment la parole de ceux qu’on entend le moins, en sachant émettre, écouter et admettre les critiques. Et, d’autre part, accroître la cohérence de l’équipe en tâchant, non pas de juger et dicter, mais de comprendre et faire comprendre.

 

 

  1. Accroître la liberté en laissant une sphère d’autonomie, et pas juste une marge de manœuvre. En premier lieu, il n’y a pas rechercher la domination et l’obéissance, ni à infantiliser ses collaborateurs mais, à l’inverse, accroître leur pouvoir. Or le pouvoir implique des devoirs… C’est pourquoi un manager qui veut exercer une autorité légitime, et pas seulement légale, doit autoriser, c’est-à-dire ici donner de l’autorité à ses coéquipiers et accroître leurs responsabilités à la mesure de leurs puissances.

 

Manager à la carotte et au bâton, c’est diviser pour mieux régner, mais ce n’est en rien souder une équipe, ou alors la souder contre le manager. Ce dernier n’utilise d’ailleurs la contrainte que là où il a échoué à asseoir son autorité. Or, il ne peut tirer sa légitimité que de sa valeur (qualités, compétences et expérience) qui s’exprime dans l’équipe par une confiance solide, une communication sans faille, une liberté de pouvoir, un accroissement de toutes les puissances. 

Reunion femme leader

L’autorité, ça se développe ?

Une autre idée reçue sur l’autorité, c’est de penser qu’il y a ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas. À l’instar de son cousin germain le charisme, ce serait une qualité innée et d’ailleurs inexplicable.

 

Comment expliquer que certains professeurs obtiennent facilement le silence et l’attention des élèves alors que d’autres, apparemment plus durs et plus directifs, n’y arrivent pas ? C’est une alchimie naturelle qui ne se travaille pas, un peu magique, pense-t-on souvent.

 

C’est faux ! L’autorité se travaille et surtout, elle s’anime astucieusement (un peu comme la musique où l’on travaille d’un côté le solfège, et de l’autre l’instrument), c’est ainsi qu’on la développe.

 

 

Les différents niveaux d’autorité

En management, avoir de l’autorité peut revêtir bien des sens. Aussi, parmi les différents types de managers, on trouve, entre autres : 

  •  Le manager « libéré » : son autorité réside avant tout sur le fait de convaincre ses collaborateurs du bien-fondé de ses décisions plutôt que de leur imposer telle ou telle démarche sans explication. Il n’éprouve aucun complexe d’ego à déléguer, émettre et recevoir des critiques et prône l’initiative au sein de ses troupes. Il a conscience de ne pas tout savoir sur tout et partage volontiers les responsabilités. A l’extrême, ce type de management participatif peut entraîner un certain bazar et passer pour un manque d’autorité dans un service, car certaines personnalités peuvent se trouver désarçonnées.

 

  •  Le leader bienveillant : ce manager exerce une certaine autorité sur ses troupes en montrant avant tout l’exemple. Il dessine un cadre clair et bienveillant pour son équipe, asseyant son autorité sur ses compétences en gestion de l’humain et sa capacité à prendre les bonnes décisions tout en communiquant avec ses troupes. Il a instauré un système de feedback grâce auquel chacun des membres de son équipe se sent libre d’exprimer ses idées, remarques, etc. Ce type de management est celui qui fonctionne au sein d’un large panel d’organisations tous secteurs confondus.

 

  •  Le despote autoritaire  (si si… ça existe encore !) : c’est L’exemple – extrême – incarné de la non-autorité ! En voilà un qui n’a pas compris grand-chose au management des hommes ! Incapable de se faire entendre, encore moins d’écouter, il en est arrivé à contraindre pour atteindre ses objectifs. Très souvent par manque de légitimité ou de compétences. Il se retranche derrière sa position hiérarchique au moindre désaccord et à la moindre critique. Davantage craint qu’admiré, les membres de son équipe lui obéissent au doigt et à l’œil par peur. Bien entendu, ce type de management n’entraîne que mauvaise ambiance dans l’équipe, démotivation, turnover bien au-dessus de la norme, animosité, rébellion, burnout, etc. Ce qui ne fait qu’augmenter la tyrannie de la tête. Un cercle infernal dont il est délicat de sortir.

Pour aller plus loin :

 

Découvrez le module de formation « Asseoir son autorité« 

Et retrouvez tous nos articles de blog avec des infographies, des expériences management, des cas concrets…

Les commentaires sont fermés.

Top